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Photo du rédacteurRomain Genet

Ergothérapie et trouble développemental de la coordination (anciennement dyspraxie ou TAC) :

Dernière mise à jour : 31 août 2019

Souvent assimilé à une maladresse, un manque d’organisation ou d’attention, le trouble développemental de la coordination concernerait 6% d’une classe d’âge.


Il s'agit d'un trouble développemental affectant le contrôle, la planification, la coordination et l'automatisation du geste moteur. La personne qui présente ce trouble va rencontrer de nombreuses situations de handicap, présenter des retards dans les apprentissages et va devoir investir plus d'attention et d'énergie que les autres pour toutes nouvelles tâches. Les répercussions sur le quotidien sont très aléatoires d'une personne à l'autre.




Cet article vous explique rapidement comment l'ergothérapeute agit auprès d'une personne présentant un trouble développemental de la coordination (TDC).


1. L’évaluation :


L’ergothérapeute réalise un bilan pour déterminer les performances et le niveau d’engagement* de l’enfant/l’adulte dans ses occupations**.


  1. A partir d’un entretien : l’ergothérapeute peut déterminer les situations du quotidien qui sont problématiques, les antécédents et appréhender l’environnement de la personne,

  2. Il évalue les capacités de l’enfant/l’adulte (motricité globale et fine, perception visuelle, praxies…) en utilisant des outils standardisés. Il réalise des mises en situation : écriture en copie, en dictée, utilisation des outils, des couverts…


Après ces évaluations, il réalise un diagnostic ergothérapique : mise en avant des situations de handicap (et explications des causes).


2. Diagnostic :


Après évaluation, par plusieurs professionnels, un médecin réalise le diagnostic en se basant sur les critères du DSM V :

  1. La coordination motrice de l’enfant doit être nettement en dessous du niveau auquel on s’attendrait chez un enfant du même âge,

  2. Les difficultés motrices doivent interférer de façon significative et persistante dans les activités quotidiennes,

  3. Les premières manifestations des difficultés motrices doivent survenir précocement dans le développement de l’enfant,

  4. Ces difficultés ne peuvent pas être mieux expliquées par une déficience intellectuelle, un problème visuel ou une condition neurologique (paralysie cérébrale, dystrophie musculaire, trouble dégénératif…)


Au vu des critères diagnostiques, il apparaît que le bilan en ergothérapie est un support intéressant pour permettre au médecin de réaliser le diagnostic.



3. Intervention :


Selon les études scientifiques, intervenir précocement permet de limiter les retards scolaires, et les déficits au niveau moteur.

On observe aussi, qu’une meilleure compréhension des besoins de l’enfant par son entourage permet une meilleure adaptation des conduites parentales ou éducatives.

Après avoir déterminé des objectifs qui ont du sens pour la personne l’ergothérapeute propose une rééducation dans le but d’améliorer les performances et le niveau d’engagement dans le quotidien de la personne.


L’ergothérapeute, en fonction de ses observations et de son bilan détermine les moyens à mettre en place. Pour cela, il peut utiliser différentes approches pour aider la personne à atteindre ses objectifs :

  1. Bottom Up : Rééducation centrée sur les déficits : on cherchera a améliorer les capacités pour permettre une meilleure réalisation des occupations

  2. Top Dow : Rééducation centrée sur l’occupation: on agit directement sur la tâche.



Une des approches les plus efficaces, selon les preuves probantes dont nous disposons actuellement, est l’approche CO-OP (cognitive orientation to daily occupational performance). Cette approche a été créée par des ergothérapeutes canadiennes (Polatajko et coll.) dans les années 2000. Il s’agit de stratégies cognitives qui permettent la résolution de problème. Cette approche a démontré son efficacité mais elle peut être associée à d’autres approches et n’est pas forcément la plus adaptée à chaque situation.


(L’utilisation de l’approche CO-OP ne fait pas partie, à ce jour, de la formation initiale des ergothérapeutes, mais de plus en plus d’ergothérapeutes français s’y forment et l’utilisent). L'approche CO-OP sera présentée dans un article prochainement !


En parallèle aux actes de rééducation, l’ergothérapeute va agir sur l’environnement de la personne en proposant des aides techniques ou humaines. La réadaptation permet d’adapter l’environnement aux capacités de la personne pour lui permettre d’améliorer ses performances.


Enfin, l’ergothérapeute va aussi avoir un rôle de guidance auprès de l’environnement social de la personne (parents, famille, enseignants…). Sa connaissance du fonctionnement de la personne, lui permet de faciliter la compréhension de l'entourage tout en les aidants à s'adapter eux aussi à la personne concernée.


Pour plus de renseignements contacter votre ergothérapeute.



Lexique :


* L’engagement occupationnel est le niveau d’investissement qu’une personne met dans l’accomplissement d’une activité. Il ne s’agit pas seulement de l’effort physique réel utilisé pour faire une activité, mais aussi le niveau d’intérêt et de concentration démontré par la personne pour cette activité


**Le terme Occupation est définit en ergothérapie comme : une activité (ou ensemble d'activités) qui est réalisée avec une certaine constance et régularité; qui apporte une structure et à laquelle est accordée une valeur et une signification)






Sources :


« Enabling Occupation in Children: The Cognitive Orientation to daily occupational Performance (COOP) Approach », H. J. Polatajko & A. Mandich, 2004

Pelletier, L. (2012). Repenser la notion de l’engagement du MCRO-E par une étude des théories de la motivation.

Townsend, E., & Polatajko, H. J. (2008). Préciser le domaine de préoccupation: L’occupation comme base.

American Psychiatric Association, American Psychiatric Association D. S. M. Task Force, Crocq, M. A., & Guelfi, J. D. (2015). DSM-5 : manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (5e édition. ed.). Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson.



Troubles de l’acquisition de la coordination : état de la question. L.Vaivre-Douret, Neurophysiologie Clinique/Clinical Neurophysiology. Volume 44, Issue 1, January 2014, Pages 13-23

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